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Au dernier quart du XIXe siècle, mon arrière-grand-mère Reet Laarman
travaillait pour le baron Von Oettingen au manoir de Vastse Prangli. La baronne
enseignait aux paysannes la préparation de l’un des mets les plus fins de
l’époque: le pâté. Malgré les deux guerres
mondiales, cette recette de famille a été
transmise de génération en génération.
C’est notre grand-mère Linda Viiding et
notre mère qui nous l’ont enseignée par
l’exemple, à mon frère et à moi. Notre
rôle était de tourner la manivelle du
hachoir, puis de battre la pâte avec une
grande cuillère en bois jusqu’à ce que
le mélange soit bien crémeux. A l’époque
soviétique, sous Brejnev, on ne trouvait
pas du foie tous les jours, et pour nous ce
mets simple était donc un véritable plat de fête.
En ce qui nous concerne, il l’est toujours!