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cords de ce type avec plus de 340 entreprises mul-

tinationales aussi bien que de taille moyenne. Bien

plus au total car nul doute que les autres grands

cabinets d’audit ont leurs propres clients.

Concrètement, cela consiste pour le fisc luxem-

bourgeois à valider des pratiques de minimisation

des profits afin d’aboutir à une taxation faible, de

l’ordre de 0,5 - 3 %. Des recettes faibles qui, mul-

tipliées par le nombre important d’entreprises

concernées, quelques commissions et tout le

business d’optimisation agressive qui va autour,

permettent au final au Luxembourg de bâtir sa

richesse et des rentrées fiscales non négligeables

sur la base d’un détournement des recettes des

autres pays.

L’OCDE réclame l’obligation pour les autorités

fiscales de procéder entre elles à des « échanges

spontanés » d’information sur ces pratiques tandis

que le

Commissaire européen Pierre Moscovici

parle « d’échange automatique »

- sur un péri-

mètre qui pourrait être plus large que celui de

BEPS, on attend les propositions du Commissaire

- mais le principe est le même : le Luxembourg,

par exemple, sera censé informer le fisc des autres

pays européens qu’il a accordé des rulings d’opti-

misation agressive à des entreprises de leur pays.

On peut, à juste titre, douter de la volonté de mise

en œuvre de la part du Luxembourg et des autres

pays adeptes de ce genre de pratiques. Du côté de

l’OCDE on répond que l’action 12 du plan BEPS

oblige les entreprises de déclarer aux fiscs leurs

montages fiscaux agressifs et que grâce à l’action

13 les administrations fiscales vont bénéficier

d’une comptabilité pays par pays qui devrait leur

permettre de voir dans quelle mesure de la base

fiscale est artificiellement déplacée.

La Commission européenne paraît plus en pointe.

Elle a lancé plusieurs enquêtes sur ces pratiques

en 2014, notamment sur les accords passés par

le Luxembourg avec Amazon et Fiat, par l’Irlande

avec Apple, les Pays-Bas avec Starbucks. Dans le

cas de l’accord mis en œuvre depuis 2003 entre

Amazon et le Luxembourg, constatant que « la plu-

part des bénéfices européens d’Amazon sont enre-

gistrés au Luxembourg mais n’y sont pas imposés

», la Commission estime que le pays « accorde

de ce fait un avantage économique à Amazon en

permettant au groupe de payer moins d’impôts

que les autres sociétés », ce qui équivaut pour la

Commission à une aide d’Etat déguisée.

En d’autres termes, le principe de la concurrence

non faussée permet de lutter contre les pratiques

de concurrence fiscale sauvage de certains pays

européens.

Une évolution importante puisqu’elle

permettrait de considérer ces procédures comme

illégales au regard du droit européen. Les accords

passés, en 1991 puis en 2007, entre le fisc irlan-

dais et Apple sont également dans le viseur. La

Commission a d’abord lancé des enquêtes sur des

cas liés au à la Belgique, à Chypre, à l’Irlande, au

Luxembourg, à Malte aux Pays-Bas et au Royaume-

Uni avant de demander fin 2014 à l’ensemble des

Etats de l’Union de lui signifier tous les rulings

offerts entre 2010 et 2013.

ACTION

6

LA FIN DU TREATY SHOPPING

Les entreprises sont habiles à utiliser

les réductions d’impôts offertes

par tel pays aux investisseurs de tel autre pour

réduire leur fiscalité afin de les attirer. Ainsi, de

nombreuses multinationales sont artificiellement

logées à Maurice pour bénéficier des accords de ce

pays avec l’Inde. BEPS prévoit qu’il y aura désor-

mais des normes minimales d’utilisation de ces

traités qui rendront le Treaty shopping impossible.

Tous les pays ont donné leur accord pour avancer

sur ce point pour lequel

l’OCDE a listé fin 2014 pas

moins de 20 points à régler !

ACTION

7

EVITER LES PRATIQUES

ARTIFICIELLES LIÉES AU STATUT

D’ÉTABLISSEMENT PERMANANT

Toute l’action de BEPS vise à assurer que les acti-