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COMBATTRE LES PARADIS FISCAUX |

CE QUI A ÉTÉ FAIT -

CE QUI DEVRAIT ÊTRE FAIT

IV – 10 PROPOSITIONS POUR ALLER PLUS LOIN : 2015 ET AU-DELÀ

maximum les pertes de recettes fiscales. Il faut pouvoir

mesurer l’efficacité de cette nouvelle politique au

niveau de la zone et pour cela fixer des objectifs à la

fois ambitieux, transparents et réalistes.

La proposition souvent présentée ces dernières années

dans diverses études de réduire de moitié les pertes de

recettes fiscales d’ici 2020 semble aujourd’hui difficile-

ment tenable. Le retour concret des informations

provenant de l’échange automatique et du reporting

pays par pays devrait trouver son application concrète

à partir de 2018. On peut penser qu’une politique

efficace devrait avoir réduit le problème dans sa

quasi-totalité à l’horizon 2025.

Afin de s’assurer d’une progression régulière en ce

domaine, le parlement européen et les parlements

nationaux devraient pouvoir être informés chaque

année des résultats des politiques suivies(cf.infra). Cela

permettrait notamment de faire évoluer les cadres

juridiques européens et nationaux assez rapidement

en cas de besoin.

Cette orientation paraît plus efficace que de tenter de

constituer une liste européenne de paradis fiscaux. Le «

naming and shaming » des politiques de liste peut

avoir son efficacité et on peut s’appuyer à cet égard sur

les travaux de tous ceux qui établissent ce genre de

listes. Mais l’expérience montre qu’elles sont politique-

ment difficiles à gérer : elles se vident plus vite qu’elles

ne se remplissent ; trop de parasitage politique entre

en ligne de compte dans la confection des listes, un

sujet particulièrement préoccupant pour l’Europe qui

compte plusieurs paradis fiscaux en son sein ; les choix

finalement établis font toujours l’objet de contestation

et réclame une énergie qui pourrait être mieux utilisée

ailleurs.

La question se pose néanmoins de savoir si l’Europe

devrait se doter d’une expertise indépendante sur les

paradis fiscaux. Au-delà des estimations générales, les

connaissances sur la fraude fiscale et l’utilisation des

paradis fiscaux par les acteurs individuels et écono-

miques du continent restent très faibles. Sans même

évoquer le rôle de ces territoires dans l’instabilité finan-

cière du continent, un thème sous analysé.

Il pourrait être utile de créer un Centre européen

d’expertise permanent dont l’objectif serait double.

D’une part, assurer une meilleure connaissance du

rôle joué par les paradis fiscaux dans l’économie du

continent. D’autre part, fournir à l’Union un niveau

d’expertise de haut niveau lui permettant d’être en

pointe dans les débats sur le sujet qui ne devraient pas

manquer d’occuper la diplomatie économique interna-

tionale durant de longue années.

PROPOSITION

3

AGIR CONTRE LES PRATIQUES DES PROFES-

SIONNELS DU DROIT ET DU CHIFFRE

Une politique efficace de lutte contre les paradis

fiscaux doit s’attaquer directement aux pratiques de

la partie des intermédiaires du droit et du chiffre – ca-

binet d’audits, fiscalistes, juristes, etc.- qui favorisent

leur utilisation.

Les représentants des plus gros cabinets d’audit ont

été auditionnés par le parlement britannique. Le

premier intérêt de ces séances a été de clarifier le

poids de ce marché du conseil fiscal : 25 milliards de

dollars pour ces quatre grands groupes au niveau

mondial, une somme. Un vaste marché qui opère

dans les zones grises du droit fiscal. Car comme l’a

fait remarquer Margaret Hodge, la députée travailliste

qui menait les débats, la difficulté à estimer le rôle

nocif de ces cabinets tient au fait que la question

n’est pas simplement de savoir s’ils respectent ou

non la loi mais plutôt de déterminer s’ils en font une

bonne ou une mauvaise interprétation. Poursuivant

sa démonstration, la députée indique qu’un contact

à PricewaterhouseCoopers l’a informée que l’en-

treprise propose ses produits d’optimisation fiscale

dès qu’ils ont 25 % de chance d’être acceptés par le

fisc. Dis dans l’autre sens, alors qu’il reste 75 % de

chances qu’ils soient déclarés non respectueux de la

loi.