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COMBATTRE LES PARADIS FISCAUX |

CE QUI A ÉTÉ FAIT -

CE QUI DEVRAIT ÊTRE FAIT

IV – 10 PROPOSITIONS POUR ALLER PLUS LOIN : 2015 ET AU-DELÀ

Porter le fer politique

Le contenu final du plan BEPS n’étant pas certain

de leur convenir, les multinationales s’assurent

également de trouver des alliés politiques en parti-

culier aux Etats-Unis.

Mi janvier, le journaliste de

The Guardian

Simon

Bowers montrait par exemple comment

plusieurs

groupes de pression professionnels au service des

industries de haute technologie

dont les membres

inclus Apple, Microsoft, Google, Amazon, Intel,

Yahoo!, Facebook, Uber, Netflix, Hewlett-Packard,

eBay, IBM et Twitter s

e mobilisent très fortement

pour attaquer le contenu de BEPS

et tenter une

remise en cause politique.

De fait, une partie des élus Républicains améri-

cains, qui contrôlent les deux chambres, se mobi-

lisent pour faire capoter BEPS. Mais une partie seu-

lement, d’autres étant sensibles au fait d’équilibrer

le budget grâce aux recettes récupérées. Le gouver-

nement Obama ne semble pas vouloir reculer en

la matière et les nouvelles normes devraient être

validées d’ici fin 2015. Un nouveau gouvernement

républicain n’arriverait, éventuellement, au pou-

voir au plus tôt qu’en 2017.

Il est clair que les efforts actuels en matière de lutte

contre les paradis fiscaux n’auraient pas pu être en-

tamés sans le soutien des Etats-Unis. Le précédent

de 2000 lorsque l’arrivée au pouvoir de George W.

Bush avait fait capoté les initiatives en cours sou-

ligne combien le rôle de l’hégémonie américaine

est toujours présent sur ce dossier : les conclu-

sions des débats politiques qui s’y déroulent ont

des influences sur la situation du reste du monde.

Aussi faut-il sûrement s’attendre à des combats

importants en la matière sur la scène politique des

Etats-Unis dans les mois qui viennent.

Rebâtir de l’opacité

Enfin, si les efforts d’influence et de mobilisation

politique s’avèrent inopérant, il reste toujours

aux entreprises la possibilité de tenter de rebâ-

tir de l’opacité autrement. On peut en avoir une

idée lorsque l’on cherche à mesurer la place de

quelques grandes entreprises dans les paradis

fiscaux.

Ainsi, The Economist a demandé en décembre

2014 à deux spécialistes d’étudier les rapports

annuels des entreprises américaines entre 2004

et 2012 afin de mesurer leur présence dans les

paradis fiscaux, l’objectif étant de voir dans quelle

mesure celle-ci est reconnue par les firmes. Leurs

résultats sont étonnants : en 2012, près de 300 en-

treprises ont déclaré une baisse significative – une

diminution du nombre de plus de 50 % - de leur

présence dans les paradis fiscaux.

Les optimistes y verront une réorganisation vers

des cieux plus sains. Les autres, une volonté

d’opacifier les informations disponibles à ce sujet.

L’hebdomadaire britannique se range dans la

seconde catégorie en faisant remarquer que

là où

Google déclarait encore la présence de plus de

100 filiales dans les paradis fiscaux en 2009, le

nombre affiché est aujourd’hui de… deux. U

ne

caractéristique assez répandue dans ce secteur,

Apple déclarant 3 filiales dans ces territoires et

Microsoft cinq selon le dernier baromètre de l’ONG

américaine Citizens for Tax Justice.