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LE TIRAILLEMENT DES ETATS

De leur côté, les Etats sont amenés en ce moment

à recourir à un mélange de coopération et de

concurrence.

Un besoin de coopération

Côté coopération,

les Etats doivent s’entendre sur

la définition concrète des modalités de l’échange

automatique et du contenu de BEPS.

Quand le

G20 de Saint Pétersbourg valide politiquement

les 15 points du projet, il établit la possibilité d’un

accord entre les Etats sur ce qu’il sera possible de

faire par chacun d’eux pour récupérer de la base

fiscale sans que cela soit considéré comme une

agression par les autres ou une remise en cause

unilatérale des intérêts de ses multinationales.

L’OCDE travaille dans ce cadre.

La transmission des informations liées à

l’échange automatique va également nécessiter

une bonne coopération et une confiance réci-

proque entre administrations fiscales

pour être

efficace.

Une fois les solutions issues du plan BEPS mises

sur la table, tous les pays qui se sentent lésés par

des pratiques dommageables pourront s’en saisir.

Si le Luxembourg veut continuer à offrir tel produit

opaque, tous les Etats qui le souhaitent pourront

piocher dans la boîte à outils des actions pos-

sibles mises en avant par l’OCDE et en neutraliser

les effets. Si un seul pays s’y attèle, il rencontrera

des difficultés mais tous les pays ont aujourd’hui

besoin de récupérer les recettes fiscales qui leur

échappent.

La tentation de la concurrence

Mais, à l’inverse, en cas de réels progrès des projets

en cours, deux éléments poussent vers un accrois-

sement de la concurrence entre les Etats.

D’une part,

s’il devient de plus en plus difficile

pour certains d’entre eux d’offrir des produits

d’opacité fiscale et financière, le risque existe

d’un accroissement de la concurrence fiscale.

A l’image de l’Irlande annonçant dans le même

temps la fermeture de l’un de ses produits phares

– le fameux double irlandais – et l’ouverture d’une

niche fiscale – une patent box – pour attirer les

sociétés déposant des brevets.

D’autre part, une question politique importante

se pose :

si les mesures annoncées permettent

effectivement de récupérer de la base fiscale, qui

va en profiter

? Si Google ne peut plus siphonner

ses profits aux Bermudes qui va pouvoir taxer son

activité ? « Nous » disent les Français, les Alle-

mands, etc., puisque l’activité est chez nous. « Non,

nous », disent les Américains car cette société tra-

vaille grâce à un algorithme qui sort des cerveaux

d’ingénieurs américains, la valeur ajouté est chez

nous. Des batailles importantes se profilent en la

matière, essentielles quant aux effets de redistribu-

tion des nouvelles règles.

OÙ SONT PASSÉES LES FILIALES

DANS LES PARADIS FISCAUX ?

Source : The Economist

300

250

200

150

100

50

0

2004 05 06 07 08 09 10 11 12

mil

Fading into insignificance

US companies reporting a sharp decrease*

in subsidiaries, number

Source : J.Gramlich and J.Whiteaker-Poe

* Companies with 10 or more subsidiaries in tax

havens that disclosed at least 50% fewer than

the year before